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Par Thierry Poupard
Superviseur des Projets & Community Manager de Restaurants Sans Frontières 

SANTE, NOURRITURE ET EDUCATION FONT LA RICHESSE D’UN PEUPLE, MEME PAUVRE

Phnom Penh, Royaume du Cambodge, mercredi 30 octobre 2013, 6 heures 30 du matin

Départ dans le minibus de l’association humanitaire Toutes à l’Ecole, partenaire de Restaurants Sans Frontières depuis 2011. Objectif : visite de l’école Happy Chandara pour jeunes filles de familles défavorisées, de la cuisine et, à ma demande, des familles de deux élèves. Chandara est le prénom de la première orpheline Cambodgienne adoptée par la journaliste Tina Kieffer, fondatrice de l’association et de l’école en 2005. Il signifie Poussière d’Etoile

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L’école se trouve dans le village de Prek Thmey, à une douzaine de kilomètres au sud-est de Phnom Penh, comme indiqué sur la carte ci-dessous. Une distance qui semble courte mais un trajet qui demande du temps : il faut prendre à bord quelques professeurs en ville, puis sortir de la capitale et longer un bras du Mékong sur une route étroite et encombrée

Prek Thmey

Arrivée au village. Un premier bâtiment pour les classes primaires a été inauguré en septembre 2006 et un plus grand en septembre 2009. Avec le secondaire ce sont plus de 800 jeunes filles (dont 42 internes) issues de 700 familles de la région qui constituent l’effectif actuel de l’école, un effectif qui augmente chaque année. Et 140 professeurs et employés en assurent le fonctionnement

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Huit heures : rassemblement pour la levée des drapeaux qui marque le début de la journée

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Après quoi, tout est calme, les jeunes filles sont toutes à l’école… et ma visite va débuter

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Elle commence par le cabinet dentaire doté de deux fauteuils, un pour le praticien cambodgien à demeure, l’autre pour des bénévoles venant périodiquement de différents pays prodiguer des soins aux jeunes filles pendant une ou deux semaines. Ce jour là, une dentiste française, Nathalie Santuc, allait occuper ce fauteuil lors de son troisième séjour

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La salle d’informatique

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Un cours, deux cours

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Sport sous le préau

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Cours de gymnastique

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Personnellement, il ne me serait pas facile de me mettre en position du lotus, puis de me retourner, à plat vendre et encore de sourire…

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Le bateau ophtalmologique de l’association Pour les Yeux du Monde à quai devant l’école. Périodiquement il ausculte et soigne des jeunes filles de l’école qui ont des problèmes de vue ou bien il vogue de villages en villages pour soigner les gens qui n’ont ni cabinet médical ou hôpital à proximité. Et, malheureusement, pas d’argent

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Salle de loisirs et de détente, en pleine activité

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Cours de dessin. A chaque fois que nous entrons dans une salle de classe, les jeunes filles se lèvent et nous saluent haut et fort en français : « bonjour Madame, bonjour Monsieur ! » La dame en question, sur la photo ci-dessous, est Michelle Carnoy, présente depuis l’origine de l’école, qui connait quasiment toutes les jeunes écolières, les appelle par leur prénom. Elle est en charge de l’accueil et de l’internat

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Cours de chant avec un professeur musicien

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De l’autre côté de la route du village, à une centaine de mètres, visite du collège qui a ouvert en septembre 2011. Le bleu des bâtiments fait place au rouge – orangé

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Principaux mécènes, L’Oréal (qui a créé une école de coiffure dans l’enceinte de l’école, avec diplôme à la clé) et la Fondation Cuomo dont l’objet est de favoriser l’éducation d’enfants et de jeunes défavorisés en Inde, en Afrique et ailleurs

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Premier temps fort de ma visite : direction au fond à droite, vers la cuisine d’application

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La totalité du matériel a été financé par RSF. Il a été récemment transféré de l’école primaire au collège où il équipe désormais cette cuisine dédiée à la formation professionnelle. RSF est fière, modestement, de contribuer à ce que ces jeunes filles acquièrent un métier. Réfrigérateurs – congélateurs…

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…quatre cuisinières à gaz, huit brûleurs…

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… ustensiles, plans de travail, évier…

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… deux fours électriques dans lesquels, ce jour là, cuisent des muffins.. L’ensemble est  dans un état impeccable et d’une propreté exemplaire

55Enfin, une grande table autour de laquelle sont assises la professeur de cuisine, Nicole-Marie Porchet et ses élèves du jour

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J’ai goûté les muffins, délicieux, puis tout le monde a souri pour la photo

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Deuxième temps fort de ma journée qui mérite une explication : j’ai demandé aux équipes  de l’école de me faire rencontrer une ou deux familles sur place ; vous allez comprendre pourquoi

Mi 2013 Restaurants Sans Frontières est contacté par Toutes à l’Ecole pour contribuer au financement de « paniers repas » (en fait, des produits de première nécessité : huile, riz, sel…) au profit des familles les plus nécessiteuses des écolières de Happy Chandara. Car dans ces régions très défavorisées, un enfant scolarisé est un enfant qui ne rapporte pas d’argent au foyer car il ne travaille pas dans les champs. Pour palier tout risque de déscolarisation, Happy Chandara a décidé qu’il fallait offrir à ces familles l’équivalent de ce que la jeune fille pourrait rapporter à la maison. Pas évident de se rendre compte de cela, vu de France…

RSF a alors proposé à la chaîne de restauration rapide de qualité Exki, déjà partenaire, l’exclusivité de cette opération de levée de fonds. Accord conclu très vite ! Et voilà comment est né le projet tripartite Toutes à l’Ecole – Exki – Restaurants Sans Frontières (cliquez sur Exki s’engage) : un Euro sera reversé pour chaque salade Banlung vendue dans les restaurants Exki de France, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas au troisième trimestre de cette année puis au cours de 2014

Ces précisions étant faites, retour sur le terrain pour comprendre et aller voir de près. Nous sortons de l’école pour aller visiter deux familles de jeunes filles. Nous quittons la route principale du village, prenons des rues étroites, le minibus nous dépose et nous finissons à pied dans des chemins de plus en plus humides ou détrempés. Au premier plan, sur cette photo, une culture du jasmin, petite source de revenu lors de la cueillette pendant la saison sèche, car à la période des pluies les terrains sont inondés et la récolte impossible

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Le jasmin, qui embaume, est utilisé pour fabriquer des décorations florales, destinées aux offrandes dans les temples, en enfilant les fleurs sur une fine tige métallique, comme le fait ici cette jeune fille avec dextérité

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En chemin pour aller voir les familles, pas de route, pas d’accès en voiture et des maisons plus que précaires

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La première famille est celle de Sok Leang (dont je suis le parrain) à ma gauche sur la photo. Elle est scolarisée depuis sept ans à Happy Chandara. Sa maman, dont le mari est parti, travaille à la cueillette du jasmin à la bonne saison et vend de petites denrées alimentaires le reste du temps, ce qui lui rapporte entre un et deux dollars par jour. Pas de quoi parvenir à élever convenablement ses trois enfants et encore moins faire soigner son fils de 13 ans (assis à gauche de sa maman) qui a besoin d’être opéré. C’était en octobre 2013 et depuis, le petit frère a été opéré et se porte bien. Avec un groupe d’amis, nous avons réuni la somme nécessaire pour financer l’opération.

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Le grand père nous a rejoint pour la photo souvenir

DSC09208En partant voir la seconde famille je tombe sur des tong logotisées…

DSC09209Ici, un enfant peut s’amuser avec rien

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C’est l’heure de la douche avec la pompe à eau du village et une bassine

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Voici la maison de la famille de Chorra Chhon, très pauvre comme partout dans cette région. Mais le 2 ème mari travaille, la maman vend du poisson et le couple semble uni et aimer ses enfants, Chorra, sa sœur et son frère. Leur habitat est vraiment précaire : construit sur pilotis au-dessus de l’eau infestée de moustiques en été, « murs » et toiture en tôle ondulée qui fait serre la journée et ne se refroidit pas la nuit, sol en bambou ajouré, une seule pièce d’environ 20 m2 pour vivre à cinq, pas d’eau (elle provient des cuves qui se remplissent lors des pluies). La jeune femme à casquette est notre interprète, parfaitement bilingue cambodgien – français

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Nous avons été invités à entrer pour parler avec eux. La maman plutôt loquace, le papa plutôt timide

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Les photos de classe comme uniques tableaux, mais sans doute une fierté pour la famille

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Chorra

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Le bureau et les chaises, offerts à beaucoup de familles par l’école, installés dans la pièce dès que Chorra rentre pour faire ses devoirs

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Et encore une photo de famille – maman, Chorra, petit frère, moi et papa – chargée d’émotion…

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Retour à l’école. Un grand planning sous le portrait de feu Norodom Sihanouk avec, à sa droite, son fils actuel roi du Cambodge, Norodom Sihamoni

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C’est l’heure du déjeuner, en arrière plan la longue table des professeurs

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Chacune son tour

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A table ! Puis rangement

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Vaisselle avec des écolières volontaires sous la supervision du personnel

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Détente après le repas

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13h. La visite est terminée, c’est le moment du départ.

Conclusion. Happy Chandara est née d’une idée forte et devenue une grande école. Elle a de bons soutiens et elle les partage avec l’école publique du village dont elle a financé récemment la réfection de la toiture, comme avec la population pour lui prodiguer des soins dentaires ou prêter la salle d’informatique aux jeunes écoliers. Ses assistantes sociales effectuent en continu des visites à plus de 700 familles pour déterminer lesquelles sont les plus nécessiteuses. Toutes à l’Ecole aide les jeunes filles cambodgiennes à sortir d’une condition plus que précaire, ce qui est tout simplement formidable et doit contribuer à forger le devenir de ce pays encore si meurtri dans son histoire récente

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Un grand merci à Nathalie Dallet-Fèvre (Directrice du bureau de Toutes à l’Ecole à Paris), une amie de longue date, et à Barbara Bing qui ont si bien préparé ma visite. Merci à madame Hoa Nguon Duong, vice présidente et co-fondatrice de Toutes à l’Ecole pour l’entretien qu’elle m’a accordé. Merci à Michèle Carnoy pour le temps qu’elle m’a consacré à visiter l’école de fond en comble, ou presque, et pour avoir organisé la visite des deux familles. Merci à madame Leang, la maman de Sok et à madame et monsieur Chhnon les parents de Chorra pour m’avoir permis de partager quelques instants de leur vie qui resteront inoubliables. Merci à la traductrice, Bun Tararath, pour nous avoir permis de communiquer avec les familles, merci à Sokly, le chauffeur du minibus pour sa bonne conduite. Merci à Stéphane Combre, parrain de deux jeunes filles de Happy Chandara, qui, dans sont hôtel (The 252), a mis en place la communication qui s’impose (Cf. photo ci-dessus)

Merci à toutes et tous, merci surtout aux jeunes filles de Happy Chandara pour ces moments d’intense émotion

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